Gaza : le chaos organisé du nouveau système de distribution alimentaire

Morgue de l’hôpital Al-Awda, dans le camp de Nuseirat, au centre de Gaza, le 20 juin 2025, après que plusieurs Palestiniens ont été tués alors qu’ils se rendaient à un centre de distribution alimentaire, dans la bande de Gaza. (Photo : AFP)
Reprise en main par les États-Unis et Israël, la question de la distribution alimentaire à Gaza reste un sujet sensible. Les ONG déplorent un système mettant en danger la vie des citoyens palestiniens.
Près de 550 personnes tuées et plus de 4 000 blessées autour des points de distribution alimentaire à Gaza, selon les chiffres du ministère de la Santé de l’enclave. Des civils perdent la vie alors qu’ils tentent simplement de se nourrir. La communauté internationale commence à pointer du doigt le nouveau système de distribution de l’aide alimentaire mis en place par Israël et les États-Unis.
Samedi 28 juin, Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, exprimait sa « colère » face à ces morts civiles aux points de distribution alimentaire et annonçait que la France était « prête, l’Europe aussi, à concourir à la sécurité des distributions alimentaires » dans le territoire palestinien de Gaza en guerre.
Un système en question
Depuis le 26 mai, la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) est la seule à pouvoir distribuer de l’aide alimentaire dans l’enclave palestinienne. Créée et financée par Israël et les États-Unis, son objectif officiel est de fournir 300 millions de repas sur 90 jours via quatre centres de distribution sécurisés.
Principalement situés dans le sud de Gaza, ces sites sont implantés dans des zones entièrement contrôlées par les forces israéliennes, cernés par des postes d’observation, avec, pour seul point d’accès, une entrée clôturée. Les autorités israéliennes justifient ce dispositif par leur volonté de lutter contre le détournement de l’aide humanitaire par des groupes armés.
« Humilier les Palestiniens »
Présente sur le sol palestinien, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) fustige un dispositif de distribution alimentaire qui « semble conçu pour humilier les Palestiniens en les forçant à choisir entre mourir de faim et risquer leur vie pour obtenir une quantité dérisoire de nourriture ».
L’ONG explique le processus de distribution : « les travailleurs de GHF déposent les palettes et les caisses de nourriture, ouvrent les clôtures, puis laissent entrer des milliers de personnes en même temps pour se battre jusqu’au dernier grain de riz ».
Un chaos organisé dont le moindre débordement est réprimé, comme l’indique Aitor Zabalgogeazkoa, coordinateur des urgences de MSF à Gaza : « Si les gens arrivent trop tôt et s’approchent des points de contrôle, ils se font tirer dessus (…) S’ils arrivent en retard, ils ne devraient pas être là car c’est une « zone évacuée », ils se font tirer dessus ».
MSF appelle les autorités israéliennes à lever les blocus sur les denrées alimentaires, le carburant, les fournitures médicales et humanitaires, et à revenir au précédent dispositif d’aide coordonné par les Nations unies.