Jean-Luc Mélenchon – Le poids des mots et le choc des réalités

Jean-Luc Mélenchon, lors d’une manifestation sur la place Stalingrad à Paris, le 6 mai 2025, organisée pour protester contre la décision du ministre de l’Intérieur de dissoudre le groupe antifasciste « Jeune Garde » et le collectif « Urgence Palestine ». (Photo : LEO VIGNAL / AFP)
Je crois bien connaître Jean-Luc Mélenchon. Non seulement le personnage est entier, dans ses colères comme dans ses prises de position, mais de plus, il suscite l’animosité de la classe politique française comme il provoque l’ire des intellectuels de l’Hexagone fortement « sionisés » par l’idéologie mortifère qui fait de l’alignement derrière Israël l’alpha et l’oméga de toute prise de position politique. Peu importent les crimes dont se montre coupable l’État hébreu, il faut faire l’aveugle et continuer à aboyer contre les « antisémites » qui en veulent au Dr Netanyahou et à son maître, Mister Donald Trump.
Mélenchon n’a pourtant même pas besoin de dénoncer un nettoyage ethnique puisque des responsables israéliens comme le tristement sioniste religieux Bezalel Smotrich (pour ceux qui ne le savent pas encore, « Azazel » est un autre nom de Satan) racontent à qui veut bien l’entendre : « Nous occuperons Gaza pour y rester. C’est une guerre pour la victoire, et il est temps de cesser d’avoir peur du mot occupation. »
Quant à la famine, aux bombes américaines lâchées par dizaines tous les jours sur des enfants et des femmes, des civils innocents, aux bulldozers qui rendent chaque jour Gaza encore plus invivable, elles ont, pour les Palestiniens, l’odeur de la poudre qui se dégageait de la fameuse première « Nakba ».
Dans la même veine, les accusations d’“islamo-gauchisme” proférées à l’encontre du leader n’ont qu’une seule explication : le chef de file des Insoumis est le seul chef de parti qui ne cache pas sa solidarité avec les musulmans, qu’ils soient assassinés, attaqués dans leur façon de s’habiller ou stipendiés pour un oui ou pour un non. La liste est longue et variée. Mais tout cela relève d’un même corpus, celui d’une islamophobie qui ne dit pas son nom et que le personnage dénonce à chaque occasion.
Le dernier édito du Point évoquant Mélenchon dit de lui qu’il « n’est pas gentil ». L’éditorialiste trouve d’ailleurs que le personnage « est colérique, parfois menaçant, et, à la fin, très méchant ». Dans son costume de « méchant », Mélenchon est bien dans son rôle, car s’il est prêt à croiser le fer avec la haute finance, il n’hésite pas à dénoncer cet empire dangereux que sont les États-Unis, fustige l’augmentation des dépenses militaires. S’il refuse de boire du Coca-Cola, c’est que pour lui, « Coca-Cola, c’est l’empire, alors ne pas en boire est une discipline personnelle, et c’est aussi un bon sujet de conversation », confie-t-il à la journaliste du Nouvel Économiste, venue l’interviewer.
Quand il se dit Marocain, on peut le croire sur parole. Le fils cadet de Georges Mélenchon, receveur des Postes, télégraphes et téléphones (PTT) de l’époque, est bien né un 19 août 1951 à Tanger, au Maroc, où il passera une partie de son enfance. Son amour pour son pays natal est resté intact, vu le nombre de voyages effectués depuis dans le royaume et son empathie naturelle pour les Marocains.
Aujourd’hui, ses adversaires politiques lui font le reproche de caresser dans le sens du poil ces électeurs potentiels que sont les Franco-Marocains. Et pourquoi pas les Franco-Maghrébins ? Y a-t-il un autre chef de parti qui a gardé une constance aussi claire dans sa défense des droits de ces Français malmenés pour tout ce qui a trait au délit de faciès, à leur origine ou encore à leur religion ? Si ça ne tenait qu’à ces Franco-Marocains, ils auraient appelé tous les Maghrébins à voter pour lui en 2027, et peut-être même exigé qu’il se présente vraiment à ces présidentielles !
Le tour de force du Mélenchonisme n’est pas dans son projet politique, autant qu’il l’est dans sa constance. Face aux girouettes d’en face, c’est une force dans l’attachement aux valeurs universelles qui n’a pas de concurrence.
Et ce n’est pas lui qui attise les passions tristes de l’Hexagone. À voir la déliquescence du champ politique et la course à l’échalote, toute honte bue, de leaders de partis atteints du syndrome du « calife à la place du calife », on comprend mieux que la classe politique soit traversée par la haine, la jalousie, la convoitise et les coups sous la ceinture.
Non, la France insoumise n’est pas un danger pour ce pays, même si cette formation apparaît plutôt comme la caisse de résonance de tous les ressentiments de la population française. Et si LFI aligne pas moins de 71 députés à l’Assemblée, c’est qu’il y a bien une grande partie des Français qui lui fait confiance.
Et si le redressement de la France passait par la prise de pouvoir par LFI, ce ne serait que justice. En tout cas, les admonestations qui pleuvent sur le personnage ne font que le renforcer et pèseront certainement en sa faveur le jour du vote, puisqu’il semble déjà recueillir l’adhésion publique, ce qui est à la fois le symptôme d’une détresse populaire et de l’absence d’alternatives crédibles.
Abandonnés à leur triste sort par ceux qui devraient les défendre contre « les puissants », les Français se nourrissent depuis longtemps d’un chômage sempiternel et du déclassement réel de leur nation. Et peut-être que la clochardisation de la rue, la misère des smicards, la paupérisation de l’État, l’immoralité de bon nombre de patrons finiront par pousser encore plus de Français dans les bras de la France insoumise.
Bref, le déclassement des classes moyennes et la colère de la rue sont aujourd’hui la promesse faite à un personnage comme Mélenchon, mi-Zorro, mi-Robin des Bois, de l’aider à retrouver le chemin qui mène vers « le sens du peuple ».
> A lire aussi :