Rapport sur les frères musulmans : flou et instrumentalisé politiquement

 Rapport sur les frères musulmans : flou et instrumentalisé politiquement

(Photo : Bertrand GUAY / AFP)

« Entrisme islamiste », « Frères musulmans » : le rapport aux concepts flous qui attise une surenchère islamophobe.

« Ce rapport, assis sur une méthodologie non définie et invérifiable (le rapport est construit sur des raccourcis et beaucoup d’approximations), fait l’objet d’une instrumentalisation politique à des fins de surenchère islamophobe », déclarait la Ligue des droits de l’Homme (LDH) dans un communiqué (23 mai).

L’ONG revenait sur le rapport intitulé Frères musulmans et islamisme politique en France, commandé par le gouvernement et remis mercredi dernier (21 mai). Un document flou, à la limite du « complotisme » selon la LDH, qui pointait un manque de preuves tangibles :

« Les rapporteurs ne peuvent apporter aucune preuve de l’existence ou de l’importance de l’implantation de la confrérie en France – au motif qu’elle se dissimulerait. Ils déclarent : « Cette organisation est hautement probable en France, puisqu’elle existe partout ailleurs en Europe ». »

Islamophobie

Les personnalités politiques, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, en tête, se sont emparées de ce rapport, privilégiant une lecture très sécuritaire. La LDH relevait que, pour le rapport, le sentiment d’une « islamophobie » était la source principale du repli communautaire.

Une grave erreur pour l’ONG qui rappelait : « L’islamophobie est pourtant d’abord une réalité, à travers des discriminations et des actes en forte progression, alimentant crainte et défiance, entretenues par une législation (loi “séparatisme” ou proposition de loi sur la “laïcité dans le sport”) et un discours politique profondément stigmatisants. »

Climat de suspicion

Mercredi dernier, le Conseil français du culte musulman (CFCM) réagissait à la sortie du rapport sur les Frères musulmans et alertait sur un risque de suspicion généralisée à l’égard des musulmans de France : « Le flou entourant l’identité de ces acteurs, combiné à la gravité des accusations portées, est de nature à jeter une suspicion injuste sur l’ensemble des structures musulmanes de notre pays. »

Des concepts flous et une certaine confusion ressortaient de ce rapport qui, pour le CFCM, « risque de nourrir des fantasmes et des théories complotistes, dont les conséquences sont malheureusement bien réelles : stigmatisation, agressions, mise en danger de l’intégrité physique des Français de confession musulmane et attaques contre leurs lieux de culte ».

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